Avoir cinq magnifiques enfants en santé, c’était quelque chose de tout simplement merveilleux, mais qui impliquait de nombreuses responsabilités, y compris devoir gérer les nuits en s’assurant que tout le monde dorme le mieux possible. Ça, avec deux bébés qui aurait cinq mois sous peu, ce n’était pas toujours facile, puisqu’encore, souvent, ils se réveillaient la nuit, réclamant à boire ou une couche propre. Et puis, il y avait les plus vieux, qui n’aimaient certainement pas être réveillés par les plus jeunes en plein milieu de la nuit, ce qui était tout à fait concevable. Par contre, de temps à autre, ce n’était pas possible, même s’il fallait vivre avec. Heureusement, le tout se passait relativement bien pour le moment, malgré ces nuits raccourcies et, parfois, ces quelques airs un peu endormis sur le visage de mes aînés. Cette nuit, les choses avaient été agitées. Liam et Noah avaient pleuré plusieurs fois, mais à mon soulagement, ils s’étaient toujours rapidement endormis, et finalement, j’avais réussi à dormir quelques heures d’affilée avant de me réveiller encore une fois aux aurores, cette fois-ci pour les allaiter afin qu’ils redorment encore un peu avant d’être levés pour leur journée. Lorsque je les eus remis dans leur lit, je retournai dans le mien, histoire de me blottir encore un peu contre mon époux avant de me lever définitivement pour réellement débuter la journée. Je dormis une heure, peut-être deux, puis soudainement, je sentis une petite présence se presser dans mon dos. Sachant que ce n’était pas James, puisqu’il était de l’autre côté, j’en déduisis que c’était là un de mes aînés. Je souris alors doucement, puis j’attendis un instant, curieuse de voir ce que Lexie – que j’avais reconnue, comme je pourrais reconnaitre chacun de mes amours à rien – trouvant cela tout simplement adorable qu’elle dégageait les cheveux que j’avais sur le visage. Puis, au bout d’un moment, histoire non seulement de ne pas la faire attendre, mais aussi pour ne pas réveiller son papa qui, lui aussi, avait dû se tirer du lit quelques fois pour s’occuper des plus jeunes, j’ouvris les yeux, puis je la regardai doucement en chuchotant : « Bonjour, ma chérie. » Je la regardai alors tendrement, puis au bout de quelques secondes, je la pris dans mes bras, et je dis : « Ça va ma puce ? », voulant m’enquérir pour savoir ce qu’elle voulait faire en venant dans mon lit, soit dormir encore, ou bien m’emmener au rez-de-chaussée pour commencer sa journée avant tout le monde.

Je ne fus pas vraiment étonnée d’entendre Lexie dire qu’elle avait faim et que par conséquent, si elle était venue nous retrouver, c’était surtout parce qu’elle voulait se lever et non continuer à dormir. De plus, je pouvais très bien la comprendre; je lui avais promis que nous allions passer la journée ensemble, et je lui réservais une surprise toute spéciale. Voilà pourquoi je ne me fis pas prier pour me redresser dans le lit, lâcher mon emprise sur Lexie un instant, le temps de me lever, enfiler un peignoir par-dessus mon pyjama, des sandales dans mes pieds, et discrètement, je quittai la chambre avec ma fille aînée – afin de ne pas réveiller son père qui méritait quand même un peu plus de temps pour dormir – et je me rendis au rez-de-chaussée avec elle. Au passage, je mis la machine à café en route, puisque le tout avait été préparé la vielle, et je me retournai vers Lexie, lui demandant :  « Alors, que veux-tu manger ? », n’attendant pas bien longtemps pour avoir une réponse de sa part. Franchement, je n’aurais pas pu être plus ravie de ses dires; elle ne s’était pas contentée de simplement dire ce qu’elle voulait, elle avait pensé à en préparer pour tout le monde. Sauf pour Liam et Noah, mais ça, c’était normal, puisque ceux-ci ne mangeaient pas encore ce que nous mangions en temps normal, étant encore au stade de manger des petits pots, ou des céréales de temps à autre. Quoiqu’il en soit, ce n’était pas ce détail qui importait, mais plutôt le fait qu’altruiste de nature, ma fille avait pensé à tout le monde. Je n’allais pas le cacher, j’étais particulièrement fière d’elle, et je lui fis savoir en la soulevant et en la faisant asseoir sur une des chaises installées autour du comptoir. Ensuite, je la serrai dans mes bras un petit instant, puis je l’embrassai sur la tête en lui disant :  « Tu es un véritable petit ange, tu le sais ça ? » avant de lui sourire, contourner le comptoir, et commencer à chercher les ingrédients qui seraient nécessaires pour la préparation des fameuses crêpes. Enfin, je devais surtout vérifier que j’avais tout, mais puisque les courses avaient été faites récemment pour l’anniversaire de Lexie et Christopher qui arrivait à grands pas, ce ne fut pas un problème. Je pus alors dire à ma princesse :  « Oui, on peut faire des crêpes ! » Je commençai alors à déposer le tout sur le comptoir, avant de demander à Lexie :  « Tu veux un verre de lait ou de jus avant, ma chérie ? »

Lexie et Christopher avaient le même âge, alors pour sûr, ils passaient tous les deux au travers des mêmes phases. C’est ce qui expliqua pourquoi j’avais eu mon lot de questionnements sur tout et n’importe quoi et clairement, je n’étais pas au bout de mes peines, comme ma fille me le rappela en me demandant pourquoi je l’appelais ainsi. Prise de court dans un premier temps, j’avais toutefois su m’habituer à ce genre de questions, faisant en sorte que je ne mis pas de temps avant de lui répondre:  « Eh bien, parce que tu es gentille, tu penses à ton frère, et ta soeur, et à ton papa ! Tu prends soin de tout le monde, comme un ange ! » avant de lui faire un large sourire qui ne put que rester collé sur mon visage par la suite. Qui pouvait résister à son enfant qui réclame un câlin ? Certainement pas moi, en tout cas ! Pour ma part, c’était plutôt le contraire; je devais cesser d’en réclamer, histoire de pouvoir laisser mes trésors vivre un peu. Toutefois, parce qu’il était si bien demandé, je ne pouvais pas refuser, alors je n’attendis pas plus longtemps pour prendre ma princesse dans mes bras et la serrer contre moi tout en lui disant:  « Moi aussi je t’aime ma puce, plus que tout au monde. » Je la gardai ainsi dans mes bras pendant un instant, puis une fois que l’étreinte prit fin, je l’embrassai avec amour sur la joue. Sur ce, je servis le jus que Lexie m’avait demandé, puis nous commençâmes à préparer les crêpes, à commencer par le mélange. Je m’occupai de préparer les ingrédients, et dès que je le pouvais, je proposais à Lexie de me venir en aide. C’est ce qui nous occupa principalement pendant quelques minutes, jusqu’au moment où je dus commencer à verser le mélange dans une poêle pour les faire cuire. Pour cela, je préférai demander à ma fille de retourner s’asseoir sur un tabouret du comptoir, histoire qu’elle ne se fasse pas mal. Cependant, cela ne m’empêchait pas de lui parler, et je crus bon de profiter de ce moment pour lui dire:  « Alors, tu as hâte pour ta journée entre filles, ma chérie ? Ce sera que toi et moi ! » Évidemment, je lui avais dit que nous allions passer du temps ensemble, mais je ne lui avais pas dit ce que nous allions faire exactement, et j’étais bien curieuse de voir si elle avait ne serait-ce qu’un petit doute ou pas du tout !

Aurais-je une future petite cuisinière dans la maison ? Je ne pouvais pas vraiment le déterminer, compte tenu qu’elle était sur le point d’avoir quatre ans, mais pas plus, mais je devais admettre que l’idée me plaisait. Pourquoi pas, après tout ? Si jamais elle voulait s’y mettre éventuellement, pour faire des choses simples qui n’exigeaient pas de faire cuire quelque chose ou couper des aliments, pourquoi pas ? Il y avait certainement des recettes pour les petits cuisiniers en herbe comme Lexie, et j’allais me faire un devoir de les chercher si jamais elle manifestait ce même désir plus tard. Enfin, puisque ce n’était pas ça, la journée de filles que nous avions prévu pour aujourd’hui, je remis ce projet à plus tard, préférant voir comment ma fille aînée se sentait par rapport à cette journée. Ravie de voir que celle-ci semblait particulièrement excitée, j’eus un large sourire tandis que je continuais à faire les crêpes. Au bout de quelques minutes, j’en avais préparé quand même une petite quantité, faisant en sorte que je pouvais lui permettre sans problème de commencer à manger en attendant que les autres daignent se lever. Dans une assiette, j’en servis donc deux, et avant de reprendre la cuisson, je lui demandai:  « Tu veux mettre quoi sur tes crêpes ma chérie ? » en attendant sa réponse avant de faire quoi que ce soit.