« Tu vas la fermer, c'est bien compris ? » Jazz avait à peine quatorze ans alors qu'il plaqué l'une de ses camarades de classe contre les casiers avec une certaine force. Il n'a jamais été tendre, dès qu'on le cherche, il est du genre à dégainer rapidement les noms d'oiseaux et là son camarade de classe était allé un peu trop loin, du moins de son point de vue en tout cas. Dans la famille Williams, on a toujours appris à ne jamais se laisser faire. Combien de fois a-t-il vu son père user de la violence envers des hommes quand il n'obtenait pas ce qu'il voulait et ce même devant ses enfants ? A vrai dire il ne saurait même pas le calculer. Ça a donc toujours été naturel même si voir des bagarres éclater au beau milieu du salon, ça ne lui a jamais vraiment plus à vrai dire. Seulement à force d'en voir, c'est entré dans ses veines et il est devenu comme ça malgré lui. Le gars en face de lui était tout rouge, Jazz n'était pas vraiment connu pour reconnaitre ses erreurs et voir que oui, parfois, il en faisait vraiment trop pour pas-grand-chose au final. « Monsieur Williams, est-ce que je peux vous aider ? » Jazz reconnut immédiatement la voix derrière lui de son cher professeur de mathématique, finalement, ne voulant pas non plus finir par être exclu comme la dernière fois, il lâcha son camarade de classe non pas sans un regard pur ne le mettre en garde. La prochaine fois, ça sera pire s'il continue. Déjà à l'école primaire, c'était le petit caïd des bacs à sable à qui on n'osait pas emprunter un jouet, mais ça ne s'est pas vraiment arrangé en grandissant.

« T'es vraiment un enfoiré ! » Lâcha-t-il simplement en regardant son père. Rares sont ceux qui osent lui parler de la sorte et c'est bien la première fois qu'il lui parle de la sorte. Aujourd'hui, Jazz travaille dans son business, en apparence une entreprise de construction, en réalité son père ayant eu de l'argent à la base on ne sait où, il donne quelques emprunts pour des mecs assez louches la plupart du temps et plus ils mettent du temps à le rembourser et plus ils touchent des intérêts. Avant même de travailler avec son père, Jazz savait que c'était vraiment louche, mais à force de voir des clients se faire casser la gueule par des gros bras payés spécialement pour cela, il s'est rendu compte que c'était trop pour lui. Cette vie, ce travail. Il l'a fait durant des années et il n'en est pas vraiment fier. C'est un boulot comme un autre après tout, mais après avoir vu des associés à son père dire certaines choses à l'égard de sa petite sœur qui étudie à l'étranger justement pour cela puisque Jazz l'a en quelque sort poussé à le faire alors qu'elle hésitait. Ça serait mentir que de dire qu'il n'a pas peur pour sa jeune sœur, qu'elle soit mêlée à tout cela et traine avec une aussi mauvaise fréquentation que les collègues de son frère et de leur père. En tout cas, il en a marre, les coups foireux comme il en a connu, c'est juste au-dessus de ses forces. Il ne veut plus cela, que ce soit clair et net. C'est pour cette raison qu'il décida de tout quitter, la ville, cette vie et s'assurer que sa sœur ferait de même en revenant de ses études. Pour cela ? Il a effacé quelques dossiers, des clients qui doivent pas mal d'argent et dont il était le signataire à la base, pour réclamer son dû et le garder pour lui-même dans le simple but de reconstruire sa vie qu'on lui a forcément gâché depuis sa naissance. Une mère qui a fui, un père violent – même si ce n'est pas sur ses enfants – et une réputation qu'il a du mal à effacer. Fils du mec louche, voilà qui il était, le mec qui sort vite le poing quitte à casser des nez également. Voilà la vie qu'il avait, mais il comptait bien la changer et pour cela, il compte bien récupérer le blé qu'il a prêté à un homme qu'il connaissait. Il est actuellement en prison, mais il connaissait bien sa femme alors il compte bien récupérer l'argent qui lui appartient.

« Salut ! » Il venait de débarquer à Los Angeles après quelques recherches pour savoir où la jeune Loan vit. Il sait même où elle travaille étant donné qu'il est là, dans un stade après un match de basket où elle travaille apparemment. En tout cas, elle n'a pas l'air contente de le voir, elle a l'air angoissé sans qu'il ne comprenne réellement pourquoi. Enfin bref, il n'est pas là pour lui parler, lui faire un roman sur la situation. Il veut son fric : point ! « Qu'est-ce que tu fais là ? » Dit-elle finalement, il ne se souvenait plus de cette voix cristalline qui lui va très bien mine de rien, enfin qu'importe, il n'est pas là pour rien du tout comme elle s'en doute très bien. « Ton cher mari me doit du fric, tu dois t'en douter si je suis ici non ? » Il l'a déjà rencontré, chez eux, après que Nicholas signait les papiers et que Jazz lui a donné l'argent, pas mal d'argents pour il ne sait quoi. Après tout il n'était pas là pour s'occuper des affaires de ses clients, ce qu'ils font avec ce n'est pas son soucis il n'en est aucun cas garant pour le coup. « Il n'est pas là, il est en prison, vas le voir directement ! » Il était au courant pour Nicholas en prison, mais autant dire que la prison, ce n'est pas vraiment sa tasse de thé surtout qu'il en a encore pour un moment s'il a bien tout compris. Or, il a besoin de son fric maintenant. « Je suis au courant, c'est pour cela que je suis là, tu es sa femme ! » Elle doit encore avoir son fric ou du moins, une partie non ? Au pire des cas, ce n'est pas son problème, elle est mariée à lui alors ses dettes, ce sont aussi les siennes au final et il ne compte pas lâcher l'affaire, ça serait mal le connaitre.

« C'est quoi cet endroit » Dit-il finalement en sortant de la voiture, admirant le paysage. Non mais ils se trouvent où là ? Au trou du cul du monde ou comment ça se passe ? Forcément, passer de Los Angeles à ça, ça fait un choc quoi. En tout cas, il espère bien repartir rapidement parce que les villes comme ça, ce n'est pas franchement sa tasse de thé, surtout qu'il compte aller vivre à New York une fois qu'il aura récupéré ce qu'elle lui doit à cause de son mari. « Tu veux ton fric oui ou non ? » Il faut croire qu'elle a compris l'argument de choc pour le faire taire alors qu'il est en train de se plaindre parce que là justement, il s'est directement arrêté de parler. Faut dire que lorsqu'elle lui a dit qu'il allait finalement pouvoir avoir ce qu'il attend depuis un moment maintenant, il a sauté sur l'occasion ou surtout dans l’avion, direction Hawaii, non pas pour profiter du paysage, mais plutôt du fait qu'il va pouvoir avoir sa vie tranquillou et non plus devoir harceler cette pauvre Loan qui essaye d'avoir de l'argent comme elle le peut pour le rembourser et en même temps se débarrasser de lui. D'une pierre, deux coups. Il ne sait pas quand est-ce qu'elle aura les ressources nécessaires, elle ne va pas encore toucher l'argent de suite, mais bon, c'est déjà un bon progrès. Ce n'est pas pour autant qu'il ne la lâche pas en attendant, il a bien trop peur qu'elle ne prenne la fuite. Il devient lourd parfois à la suivre à la trace ? Oui peut-être un peu beaucoup pour le coup.