Ma vie amoureuse était comme des montagnes russes. Des montagnes russes avec des montées exceptionnelles, avec un sommet si haut qu’on a l’impression de toucher le ciel, puis avec des chutes effroyables, comme si le train allait dérailler et que tout allait se terminer. Une telle instabilité pourrait être susceptible de vouloir mettre fin à tout cela, mais pas dans mon cas. J’avais connu une stabilité si monotone que maintenant, je ne voulais plus que ce soit ainsi. Je préférais ces montagnes russes à ce petit train ennuyant dans lequel je m’étais embarqué pendant huit ans. Cependant, cela ne voulait pas dire que je pouvais faire n’importe quoi, et je m’en étais rendu compte lors de ma dernière conversation avec Elyxir. Tout était parti en vrille, je pensais que j’en prendrais la tête, puis j’avais juste réalisé que je tenais à elle, beaucoup plus qu’une personne qui vient égayer ma vie. Je l’aimais, vraiment et ce, qu’importe le métier qu’elle pratiquait. J’avais compris que je devrais prendre sur moi, même si je n’avais pas su lui dire clairement. Depuis cette conversation c’était le statut quo, mais je voulais changer quelque peu les choses. Peut-être étais-je cliché de le faire à l’approche de la fête des amoureux, mais je m’en moquais. Je me disais qu’il n’y avait probablement pas meilleure preuve d’amour en ce moment. Et puis, il fallait avouer que j’avais l’endroit parfait pour cela. En effet, pour la Saint-Valentin, le parc d’attractions avait mis en place un carrousel pour les amoureux et histoire de faire un peu plus d’argent, je m’étais porté volontaire pour le faire fonctionner pendant la journée en parallèle à mon boulot de mascotte. Évidemment, je n'avais pas calculé que la tenue que je devrais porter serait encore plus ridicule que mon costume de lapin - essentiellement parce que j’avais le visage découvert sous ce smoking vert, jaune et rouge, puis le chapeau assorti - mais j'avais pris sur moi-même, et j’avais fait fonctionner ce manège toute la journée avant de demander à ma petite-amie de venir m’y retrouver. Juste avant qu’elle arrive, je laissai partir les derniers clients et je mis le panneau « fermé » devant ce qui était généralement la fin de la queue pour y aller. Je venais tout juste de terminer lorsque je vis une silhouette familière arriver. Un sourire se dessina sur mes lèvres tandis que je me faisais un plaisir de la prendre dans mes bras, humer le parfum de ses cheveux en lui disant:  « Coucou. » Évidemment, je ne me fis pas prier pour répondre tendrement à son baiser, puis une fois que celui-ci prit fin, je la regardai avec tendresse, et je lui dis, toujours avec le sourire:  « Je suis content de te voir. Comment tu vas ma belle ? »