J'avais déjà appris à mes dépens avant aujourd’hui qu’un évènement banal pouvait changer bien des choses, mais jamais je n’aurais cru que ce serait à ce point un jour. Une tempête, un sous-sol inondé, une mauvaise chute, et voilà que notre vie de famille était chamboulée. Avec James à l’hôpital, l’équipe que j’avais embauchée pour retirer l’eau du sous-sol, parce que clairement, je n’allais pas me risquer à le faire moi-même, les enfants qui étaient retournés à l’école et à la garderie entre temps, je n’avais pas eu le temps de faire quoi que ce soit, outre tenter de composer avec tout en même temps, ce qui était plus que difficile, vu comment j’étais peu habituée. Puis, alors que je commençais tout juste à prendre le rythme, ou du moins, tenter tant bien que mal de tout gérer sans m’épuiser ou encore craquer, un appel survint à la maison tandis que mon mari était en rééducation. C’était un de ses collègues qui affirmait que certains dossiers devaient être traités par mon époux et ce, dès que possible. Je tentai alors de lui faire comprendre poliment que ce n’était pas possible, mais cela ne servit à rien. Je voulus alors lui faire savoir plus sèchement, mais je me ravisai, disant que j’irais chercher les dossiers moi-même, et je verrais bien s’il voudrait y jeter un oeil. Toutefois, qu’il ne compte pas sur moi pour que je le force de quelconque façon, ça, je ne pourrais juste pas. Décidant de régler cela avant de devoir aller chercher James à la clinique, j’habillai donc Liam et Noah, puisque je les avais gardés avec moi, n’ayant pas encore le coeur de les placer à la garderie même si je devrais le faire un jour, puis je me rendis à l’hôtel. Les jumeaux dans leur poussette, je me dirigeai alors jusqu’aux bureaux, entrant dans celui de mon mari avec la clé que j’avais. Je tentai tant bien que mal de trouver les dits dossiers, mais ne m’y connaissant pas assez, je décidai de tout prendre, poser le tout dans le compartiment sous la poussette des enfants, avant de finalement quitter le bureau, le verrouiller à clé sans m’y attarder afin de en pas ressentir quelconque tristesse. Moins je m’attardais, mieux ça allait. Enfin, c’était ce que je pensais depuis l’accident, mais rapidement, je me rendis compte que j’étais encore en mesure de faire entorse à ma philosophie, puisque lorsque j’atteins de nouveau le rez-de-chaussée pour rentrer à la maison, dès que je vis une demoiselle un peu perdue, je ne pus m’empêcher de m’approcher, puis lui dire:  « Excusez-moi… Je peux vous aider ? »

Comme je m’y en attendais déjà un peu, vu l’air que la demoiselle abordait, celle-ci était quelque peu perdue et ne savait pas trop où aller, étant nouvelle dans le complexe. Pourquoi je l’avais su sans même qu’elle vienne m’aborder, puisque c’était moi qui l’avait fait dans un premier temps ? Je ne saurais pas le dire, mais s’il fallait vraiment trouver une réponse, j’en viendrais à la conclusion que c’était l’habitude. Effectivement, après cinq ans passées à travailler, voire vivre quelques mois dans cet hôtel à un certain point, j’avais développé cet instinct me permettant de déterminer si un client savait où il voulait se rendre ou bien s’il cherchait où aller. Plus encore, dans le cas de la jeune femme, l’objet de sa quête me sembla encore plus important que la simple idée d’aller à la plage ou la piscine. Non pas que profiter des vacances n’avait pas son importance, bien loin de là, mais si elle avait faim, je me doutais bien qu’elle n’avait pas envie de tourner en rond pendant des heures pour trouver quoi manger. Voilà pourquoi je ne tardai pas à lui dire :  « Oh, ce ne sont pas les endroits qui manquent ! » en pensant immédiatement aux nombreux restaurants qui se trouvaient dans le complexe, de même que le grand buffet pour ceux qui ne voulaient pas d’un restaurant à la carte, mais rapidement, je me rendis compte que l’heure actuelle ne me permettait pas vraiment de lui proposer d’aller au buffet ou quelque chose comme cela, raison étant que ceux-ci étaient probablement fermés pour préparer le repas du soir. Connaissant bien le personnel, je pourrais très bien leur demander de faire une exception, mais puisque cela ne viendrait pas aider la demoiselle à s’orienter pour les prochaines fois, parce qu’elle ne pourrait pas aller demander de la nourriture en cuisine tous les jours, je laissai de côté cette idée, continuant à réfléchir aussi rapidement que je le pouvais. C’est là que je repensai alors à ce qui me semblait parfait pour la situation présente, soit :  « Il u a un casse-croûte à l’extérieur, non loin de la piscine si vous voulez. » Le connaissant, je savais que c’était parfait en cas de petit creux. Toutefois, expliquer le trajet pour s’y rendre, c’était un peu plus compliqué, parce que mine de rien, il fallait savoir où le trouver, même si, par la suite, le tout devenait pas mal évident. N’étant pas des plus douées pour les explications, parce que j’étais plus une femme d’action qui aimait bouger plutôt que s’exprimer, je décidai alors de proposer :  « Si vous voulez, je peux vous y guider. » me disant que je pouvais bien prendre quelques minutes pour cela, surtout que cela ne me ferait pas de mal de discuter de tout et n’importe quoi à quelqu’un, pour une fois.