En lisant des articles, en regardant les sous-titres à la télévision, en discutant avec ma fille sur la question, j’avais pu me mettre au courant tant bien que mal du tsunami qui allait s’abattre sur la région prochainement, sans toutefois savoir quand exactement. Malheureusement, je ne pouvais pas vraiment me fier au bruit des sirènes pour me préparer à l’éventualité et me réfugier dans un point donné, par exemple l’école primaire de ma fille ou bien l’hôtel que tous disaient être disponibles pour accueillir ceux qui devaient quitter leur domicile pour des questions de sécurité. Histoire de m’assurer qu’Aryelle serait saine et sauve, lorsque la rumeur courut que le tsunami n’allait pas tarder, j’étais allée la déposer à l’hôtel, sachant que je trouverais bien quelqu’un pour la surveiller le temps que je retournais à la maison à la dernière minute pour reprendre certaines choses qui seraient plus que nécessaires, parce que j’avais voulu faire passer la sécurité de ma fille d’abord et avant tout. À mon soulagement, je me rendis compte que nombreux enfants s’étaient réunis dans une salle commune, me permettant ainsi de m’éclipser ce que je pensais être une demi-heure pour aller chercher ces fameuses affaires. Toutefois, c’était sans calculer que ce serait à ce moment que l’alarme allait retentir. Ne l’entendant pas, je commençai alors à ranger tout ce dont j’aurais besoin dans un sac. Prêt à sortir, je m’exécutai donc, sans m’attendre à trouver des rues désertes et sentir le sol trembler sous mes pieds, me laissant alors pour le coup quelque peu paniqué, ne sachant pas du tout à quoi m’attendre, parce que tendre l’oreille pour savoir ce qui se passait n’était pas une option.

Voir les rues désertes comme cela n’augurait rien de bon, je le savais, même si je ne savais malheureusement pas dire si c’était en raison de l’alarme ou non, et dans mon cas, c’était particulièrement inquiétant. Pire encore, le fait qu’il n’y ait personne m’empêchait de demander à qui que ce soit ce qui se passait, s’ils entendaient quelque chose que je ne pouvais pas percevoir, faute d’avoir le sens pour le faire. Enfin, à un certain moment, je vis un homme, au loin, mais faute de pouvoir l’entendre si jamais il me répondait, je jugeai préférable de ne pas l’interpeller. Cela ne m’avança en rien, puisque je restai planté là, mais plus pour longtemps. Au bout de quelques secondes, un individu s’approcha à ma hauteur, bougeant ses lèvres à une vitesse qui ne me permit pas de comprendre exactement ce qu’il disait. Cependant, je compris les derniers mots, soit « venez avec moi », ce qui ne fit qu’augmenter ma confusion. D’instinct, je lui demandai aussitôt :  « Hein ? Pour aller où ? », sachant parfaitement que j’aurais préféré de loin qu’il me dise que la tempête arrive, ou qu’il me demande où je devais aller, parce que tout ce que je souhaitais, c’était retrouver Aryelle. Même si elle était en sécurité, je ne voulais pas la laisser seule dans ce moment d’inquiétude, quand même. Cependant, avant que je puisse informer le jeune homme de ma situation, celui-ci était déjà parti vers l’autre individu en faisant de grands signes, peut-être un peu trop grands d’ailleurs, puisqu’une de ses mains vint se plaquer directement sur mon visage quand j’arrivai à sa hauteur, m’arrachant un  « Aïe… », mais heureusement, pas trop de douleur. Puis, sans attendre de voir si l’autre allait réagir ou non, je me plantai devant l’homme châtain, et je demandai clairement :  « On va aller où ? Il faut que j’aille retrouver ma fille… » Je regardai encore une fois l’homme qui était plus loin, puis histoire de m’assurer qu’il réagisse rapidement lui aussi, je décidai de me mettre à la tâche, et je lâchai un grand  « Hey ! » en le faisant raisonner aussi bien que possible en plaçant mes mains en porte-voix. Après, je ne saurais dire comment celui-ci était sorti, mais il me semblait qu’il était assez puissant, ou du moins, c’était ce que j’espérais.