Courage. Persévérance, après tout, je n’avais pas à avoir peur ? Pourquoi devrais-je être pétrifiée ? Je ne fais que changer de vie, je ne fais que quitter la seule ville que j’ai connue, mais c’est sans doute pour mieux réussir, mieux vivre surtout. Plus de poids sur les épaules. Ma mère, je ne pouvais plus la supporter, je n’arrivais même pas à vivre ma vie comme je le voulais. Ce n’était pas vraiment une mère, elle était plutôt comme le boulet que je devais me trimbaler sans que je puisse y redire quoi que ce soit. Du plus loin que je m’en souvienne, ma mère n’a jamais rien eu d’une maman. Je le sais, non pas que cette dernière aurait dû être parfaite pour m’intéresser et compagnie, non, juste qu’elle était préoccupée par bine d’autre chose que ses enfants. Ses, car j’ai un grand frère, enfin si ce dernier n’est pas mort, mais à vrai dire de sa personne, je m’en contre fiche carrément. Il m’a abandonné. Cameron était parti sans prévenir, en même temps pourquoi prévenir une mère qui n’en était pas une ? Et une sœur qui ne l’intéressait pas réellement ? Aucune raison en soi, de le faire. Puis, j’en fais tout un cinéma, mais après tout, j’étais loin de réellement me souvenir de lui, je n’avais que quatre ans quand monsieur avait quitté la maison, j’ai sans doute vécu un manque à cet âge-là ? Peut-être. Mais je n’en ai pas réellement le souvenir. Tout ce que je sais c’est que j’ai comme un bouclier autour de moi à présent qui me défend de tout, de toutes ces choses qui pourraient me blesser, me mettre à terre. Je veux vivre, je veux avoir la vie dont je rêve depuis toujours. Être réellement heureuse, ce n’était pas une chose que j’étais prête à abandonner. J’ai toujours couru après le bonheur, plus jeune quand je n’étais que seule avec ma mère, je recherchais cette complicité mère/fille que je pouvais croiser au détour des rues de Détroit, là où j’avais toujours vécu. Je n’avais qu’elle, mais en réalité ce n’était que moi envers et contre tout. Je n’avais rien, même pas un voisin souciant de ma personne. Gamine, ma mère était là que pour m’emmener à l’école et encore, j’étais généreuse, car c’était moi qui me réveillais et la faisait se lever pour que j’aille à l’école. Même les week-ends, je rêvais qu’il y ait cours pour que je puisse y aller. J’étais mal chez moi, c’est en grandissant, que j’avais eu besoin de savoir exactement ce qu’était ma vie réellement. Poser des questions sur mon père ? Je n’avais pas de vie de famille et quand je voyais mes camarades, autant dire que je n’avais pas besoin de rêver pour voir mieux ailleurs, car qu’importe l’enfant il était toujours mieux lotie que moi. J’avais pris l’habitude, pourquoi vouloir tout changer ? Je n’avais fait que comprendre avec le temps et en farfouillant dans nos papiers la mort de mon père un an avant mes quatre ans donc avant le départ de mon frère, un frère dont les souvenirs étaient minimes, je me souvenais de peu de chose, sauf quand je regardais la photo, l’unique photo de sa personne, aucune idée de ce qu’il est devenu et dans le fond, je m’en fiche à présent, certes auparavant, je me posais sans cesse la question, regardant les hommes de son âge qui pourraient être mon frère, espérant bêtement qu’il pourrait revenir un de ces jours pour me sauver du désarroi qui était le mien. J’avais finalement fini par cesser d’espérer, pourquoi je continuerais d’attendre après des personnes qui n’en avaient rien à faire de moi, de la petite fille que j’étais innocente et encore plein d’espoir ? C’était mon frère et ma mère qui s’étaient chargé de détruire mes rêves, mes illusions que de nombreux enfants ont. La vie n’avait rien eut à faire qu’à m’enlever cet homme qui était mon père et que je ne connaissais pas. Le jour où j’ai découvert à quatorze ans que mon père était mort, j’avais finalement était courir les cimetières de la ville, vu que ma mère n’était pas là comme à l’accoutumée. Alors, j’avais fait trois cimetières avant de trouver celui où était enterré mon père. Toute la nuit, j’étais restée sur sa stèle à refaire le monde avec mon imagination imaginant comment ma vie aurait pu être avec ce père. Je ne connaissais rien de lui, je n’avais à présent que sur sa pierre tombale une photo de lui, une photo en noir et blanc qui ne devait pas lui rendre l’honneur de sa beauté naturelle. Mais, j’avais fait avec, même si le matin même, j’avais décidé d’oublier le fait que ce père aurait pu être parfait, après tout, je ne savais rien de lui et pourquoi voudrais-je à nouveau me bercer de quiproquo ? Cela serait juste navrant pour ma personne, ce n’était pas ce qu’il fallait faire. Alors, j’avais reprit ma vie, reprit les cours, supportant ma mère qui me poussait limite à sortir en boite quand j’avais seize ans à faire des bêtises et compagnie. Superbe, la mère. J’avais appris à me débrouiller par moi-même tout en me créant de nouveau rêve petit à petit. A Détroit, j’avais réalisé un rêve, faire de l’équitation. Plutôt douée, j’avais finalement fini par devenir jumpeuse, mais j’avais été attrapé par l’envie de faire de la voltige équestre en voyant un couple en faire. Je trouvais cela parfait et tellement magnifique, que j’avais finalement craqué. Oubliant limite mes cours, mais ce n’était pas ma mère que cela allait inquiéter. Elle ne savait même pas où j’étais la plupart du temps, alors bon. Je sentais l’avion secouer, alors que je revivais doucement la vie qui était la mienne, pas forcément joyeuse et encore moins parfaite. Elle était bien plus désastreuse. L’avion qui me menait à ma nouvelle vie vivait quelques turbulences, autant dire que rien ne pourrait plus m’effrayer pour le coup. Mais bon. Je repensais à ce qui m’avait poussé à partir loin de Détroit, de cette vie que je m’étais finalement construite malgré ce boulet qu’était ma mère. La mort de Dunphy était une chose qui m’avait fait perdre pied. J’avais perdu mon confident, l’amour de ma vie, ce n’était qu’un cheval, un gagne-pain pour d’autre mais pour moi il était ma famille, la seule qui avait toujours été présente pour moi. Un cheval était devenu ma famille, j’avais été habitué à monter avec lui, à partager mes joies comme mes peines. Quand j’allais mal on pouvait me retrouver dans sa stèle autant dire que j’étais jamais trop loin de lui. Mais, récemment durant une compétition, il a été blessé à la patte, l’opération n’avait rien fait pour le sauver, nullement la faute du vétérinaire, mais il souffrait et pour ne pas qu’il vive ainsi, j’avais dû le faire euthanasier, chose qui me pesait encore sur le cœur. J’ai finalement fui Détroit et ces souvenirs qui me hantaient, puis surtout ma mère, qui ne cesse de faire de ma vie un enfer. Donne-moi de l’argent, j’ai besoin de ça de ci. Je n’ai plus à être à ses ordres à présent, je ne veux plus de cette vie. Alors, j’ai cherché un boulot avant de partir à Hawaï. Je n’ai pas les moyens de me payer ce boulot, pourtant je l’ai fait avec l’argent que j’ai eu par l’assurance de Dunphy, il est avec moi, enfin ses cendres, j’ai bien l’intention de le libérer du haut d’une montagne pour qu’il soit de nouveau heureux. Je ne veux plus monter sur un cheval, je me vois mal revivre cette sensation de liberté autrement que sur mon cheval. Le seul gros regret que j’ai ? C’était de laisser mon père derrière, car depuis ma première nuit sur sa tombe, j’y étais retournée laissant parfois des rubans de mes victoires, des mémos sur ma vie, je ne connaissais pas cet homme, mais j’avais cherché à en savoir plus en fouillant dans ma maison, pendant que ma mère était occupée. J’avais trouvé deux photos de lui avec la famille complète, moi n’étant qu’âgé de trois ans puis une vidéo de mon anniversaire pour mes deux ans où je rigolais à tue-tête avec mon père me faisant l’avion. Cet homme aurait pu être ma seule chance d’être réellement heureuse, mais il était parti trop vite à mon humble avis. Bref, je ne pouvais plus faire demi-tour. J’avais besoin de vivre ma vie et pour me tenir loin des chevaux et compagnie, j’avais pris un travail qui m’avait toujours donné envie d’essayer. Alors, autant dire que j’avais tous les éléments pour vivre ma vie parfaitement. Finalement, j’avais fini par m’endormir durant le vol jusqu’à mon arrivée sur l’île de mon choix : Hawaï.

Deux mois, que je suis sur cette île, autant dire que ma vie est différente, il fait plus chaud, je me fais de nouveaux amis, quelques fois il m’est difficile de voir un cheval courir sur la plage sans pour autant penser à mon Dunphy, ça me tue de ne plus monter, mais je ne veux pas le refaire sans lui. Mon nouveau boulot fût assez difficile au premier temps, mais j’avais fini par le faire en me disant que c’était un boulot comme un notre, même si nettoyer les scènes de crime c’était forcément moins attrayant que monter à cheval pour y faire des pirouettes majestueuses.