Il est assis en première classe, l’air détendu, heureux de pouvoir se payer finalement ces vacances tant attendues. Il aurait envie de mettre sa chemise à fleurs tout de suite, mais il sait que sa femme ne voudra pas. Par contre, il ne se gênera pas quand ils arriveront à l’hôtel. Il est impatient de découvrir sa chambre, la plage et y passer du bon temps.

Elle est installée en classe économique, dans un siège au fond de l’appareil, recroquevillée sur elle-même, espérant que personne ne la remarque outre l’agent de bord qui lui demande si elle veut quelque chose à boire ou à manger, ce qu’elle refuse bien rapidement. Tout ce qu’elle veut, c’est arriver rapidement, s’assurer qu’elle passera la sécurité sans problème et qu’on la laissera tranquille.

Ils sont dans l’eau, assis sur leur planche de surf, contemplant l’horizon. Ils voient cet avion passer sans s’en préoccuper. Ils en voient tous les jours, ils savent que ça doit être rempli de touristes ravis de connaître cet endroit qu’on dit si paradisiaque sur le continent. Enfin, c’est ce qu’ils entendent tout le temps. Limite, ils en ont marre, pour eux, c’est un endroit comme les autres.

Honolulu, Hawaii. Dans les films, cet endroit semble être un paradis sacré, le lieu parfait pour passer des vacances exceptionnelles. Le soleil, la plage, les palmiers, les danses traditionnelles, les colliers de fleurs, qui n’a pas entendu parler au moins une fois de ces clichés ? Voilà ce qui fait en sorte que tous les vacanciers, cet homme en première classe inclusivement, sont si ravis de bientôt atterrir à l’aéroport d’Honolulu, marquant ainsi le début de ce qu’ils veulent comme un bon moment, comme un moment où ils sauront tout oublier. Leur boulot, leur famille impossible à vivre par moments. Ils voudront peut-être même se faire appeler par un autre nom, plus exotique, le temps de leur séjour ici, afin de s’oublier, de penser à rien d’autre qu’à leur personne. Qui peut les blâmer, après tout ?

Pourtant, est-ce là la seule chose qu’on peut trouver dans cette ville si magique, si exotique ? Et s’il y avait plus que ça, et si chacun avait une histoire différente, une perception unique de cette ville qui vient définir leur vie, qui explique ce qu’ils ressentent, ce qu’ils vivent chaque jour. Peut-être que pour eux, il n’y a rien d’extraordinaire à voir des palmiers à chaque coin de rue, puisqu’ils les voient à chaque jour, ils en ont un dans leur jardin. Peut-être sont-ils ici non pas pour prendre des vacances, mais pour fuir quelque chose, et Honolulu était la première destination potable qui était disponible une fois à l’aéroport. Ils n’en ont rien à faire du soleil, de la plage et des vagues. Ils espèrent juste trouver un appartement et ne pas être retrouvés…

À chacun son histoire, à chacun sa vie. Ici, à Hawaii, quelle sera la vôtre ?