Alors que j’essaie de me souvenir, cette blonde me regarde bizarrement et je dis à haute voix ce que je n’aurais jamais dû dire du tout. Je ne le voulais pas, mais c’est sorti tout seul… de mes pensées. Même moi, je n’y crois pas. D’ailleurs, elle réagit rapidement en me demandant si je suis sérieux. Et elle finit par me parler de Lauryn, ou plutôt du fait que j’ai prononcé son prénom pendant l’acte. Je ne sais pas ce qui m’a pris, je ne me l’explique même pas ; comment je peux avoir été aussi débile ? Parce que, là, c’est bien le mot : débile, du latin debilus cretinus. Je viens de l’inventer, d’accord, mais j’essaie de penser à autre chose qu’à mon envie de me foutre une baffe moi-même, surtout qu’avec mon mal de crâne, je risquerais… Je sais pas : d’avoir encore plus mal ?

J’ai envie de lui dire que je suis vraiment désolée, que cette fille ne sort pas de ma tête, bien que je fasse tout pour ! Je n’y peux rien, je pense toujours à elle alors que je ne l’ai pas encore revue. Je vais finir par péter un câble ; cependant, au fond, qu’est-ce qu’elle en a à faire ? C’est mon problème et je dois faire avec. Je ne me souviens même plus du prénom de celle à mes côtés dans mon lit, j’ai vraiment honte de moi. Je ne suis pas comme ça, d’habitude, si ? Je commence à douter de mes manières avec les autres filles, maintenant.
Elle doit lire dans les pensées puisque justement elle me redit comment elle s’appelle. C’est vrai que c’est totalement différent ; il y a juste le « r » en commun, et encore, il n’est pas à la même place.

Par contre, elle me dit qu’elle voulait me faire sortir de là, sans avoir pu le faire, vu mon état. J’espère juste qu’elle ne voulait pas me mettre à la porte de ma propre chambre… ! Je ne sais pas si je vais oser le lui demander. Elle se lève et je me demande si elle va partir avant même que je n’ai pu dire quoique ce soit. Elle ajuste un paréo sur son corps et je me décide alors à lui parler.

« Excuse-moi. Je suis vraiment désolé de ce qu’il s’est passé. J’ai un petit problème et justement j’essaie de l’oublier mais… Tu l’as vu, c’est difficile pour moi. J’ai dû vraiment trop boire, je ne fais jamais ça, sinon. Je ne sais pas quoi te dire d’autres. Est-ce qu’on peut… parler ? Je dis pas que je veux t’expliquer tous mes problèmes, juste m’excuser et… Je sais pas. »

Je me lève alors pour aller vers elle et je me sens comme un con. Juste à un pas, est-ce que je peux la prendre dans mes bras ? Juste pour des excuses. Je tends un bras, attendant sa réaction. Si je dois me prendre une baffe, je veux pas qu’elle me rate et vise plus bas…

Je ne me sens vraiment pas à l’aise, bien que je sois dans ma chambre et dans mon lit, qui plus est. Je n’ai qu’une envie : me cacher dans un trou, dans le noir, pour que passe mon mal de crâne, et en sortir une fois qu’elle m’aura totalement oublié. C’est vraiment horrible ce que j’ai pu faire à cette fille. Parler d’une autre fille pendant que j’étais avec elle. Je ne sais même pas ce qui a pu me prendre, que j’ai bu ou non. D’ailleurs, je me confonds déjà en excuses, après qu’elle se soit habillée d’un paréo et attaché les cheveux. Je ne fais pas vraiment attention à ce que je porte, ou plutôt ne porte pas, quand je vais vers elle pour parler. Ou quoique ce soit qu’elle voudrait bien faire après moi, tant que je pourrais m’excuser auprès d’elle.

Je remarque tout à coup ses traits se détendre. Elle prend ma main et on se dirige vers le lit. Elle me demande de lui raconter. Et même si je n’ai pas envie de l’ennuyer avec mes problèmes, ça devrait me faire beaucoup de bien de les évoquer à quelqu’un. Surtout une personne que je ne connais pas.
J’hésite un peu, ne sachant pas par où commencer : le fait d’être un gougat qui papillonne de filles en filles ou le fait que je suis tombée amoureux en une soirée ? Les deux sont tous les deux désolants. Elle finit par me demander, ou plutôt espérer, que Lauryn soit jolie. Ce n’est même pas ça, c’est tellement mieux… Je lui souris alors.

« Elle est… Elle est magnifique. Je n’ai jamais vu une femme aussi belle. Enfin tu l’es aussi, vraiment, mais… Je ne sais pas. Je ne pourrais plus voir les autres femmes de la même façon après l’avoir vu, elle. »

Je rassemble un peu mes esprits, je ne veux pas divaguer sur la beauté d’une femme que je ne reverrai peut-être plus. Elle habite sur cette île, mais combien d’autres y vivent aussi ?

« Pour faire simple, je pensais vraiment ne jamais tomber amoureux. Je n’ai jamais pu m’y faire. Et quand je suis arrivée sur l’île, c’est la première avec qui j’ai passé la soirée et la nuit. Je pensais que j’avais trop bu ou que c’était juste le fait d’arriver sur l’île, il devait y avoir quelque chose dans l’air… Et finalement, c’est… Resté, on va dire. Je ne saurais pas dire ce qui est resté, des sentiments, une envie d’elle ? Mais je suis vraiment désolé de ce qui s’est passé hier soir, enfin… cette nuit, quoi.  »